Résumé :
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La chanteuse canadienne Klô Pelgag a réalisé un rêve d'enfance en s'entourant d'un orchestre de 20 musiciens pour son nouvel album, L'étoile thoracique. Entre excentricité et mélancolie, la Gaspésienne revient, plus assumée que jamais. Avec ce disque Étoile thoracique, éclaté et pourtant plus homogène que le premier, l'ancienne Révélations Radio-Canada en chanson propose un bouquet de 13 chansons, chacune contenant son univers propre, voire fantasmagorique. Ferrofluides-fleurs, petite ballade frémissante au rythme léger, dévoilait l'efflorescence de ce deuxième album abouti et plus intime. Amoureuse dans Incendie, en élévation dans Les instants d'équilibre, la chanteuse-pianiste semble transporter le printemps avec elle à l'année longue. Pourtant, comme sur le premier disque, des mots durs claquent parfois sur les notes. En saisit-on la mesure? Peut-être pas à la première écoute, tant les nouvelles chansons doivent beaucoup aux somptueux arrangements de l'orchestre de cordes (dirigé par Nicolas Ellis, présentement chef assistant en résidence à l'OSQ) et du sextet de cuivres, signés par le frère de la chanteuse, Mathieu Pelletier-Gagnon. Les textes suscitent des images parfois limpides, souvent impressionnistes, comme dans Le sexe des étoiles, qui frôle les six minutes (avec cette instrumentation si fine, on n'aurait pas rechigné à 10!). La musique propose de larges panoramas, comme la finale très cinématographique et presque inquiétante d'Au bonheur d'Edelweiss ou la dépouillée J'arrive en retard. Le 10 minutes sans interruption, Klô Pelgag nous le sert en épilogue avec un faisceau lumineux intitulé Apparition de la Sainte Étoile thoracique.
Notre avis : A la fois inspirée par la liberté, les frites, les légumes, les grandes tragédies, les fleurs et les herbes, Klô Pelgag s'impose comme une sibylline bouffée d'air dans le paysage musical francophone. Dès son entrée en scène, il y a quelques cinq années, l'auteure compositrice-interprète devient l'une des voix les plus probantes et singulières de sa génération. Portant sur son dos, un univers chargé de chansons, de baroque, et d'absurde, la demoiselle séduit et déstabilise en déployant une musique finement concoctée et qui braque les feux sur un désir instinctif de la créatrice à confronter ses propres fins. En témoignent les 13 titres qui s'emboîtent sur L'étoile thoracique, fresque déliée sur laquelle l'artiste se donne des airs de concerto aux contours arachnéens. Si la proposition peut sembler invraisemblable, la résultante fait toujours mouche, et la démesure n'a d'égale que la beauté et la poésie, qui finalement, se déploient sous notre regard, pris à témoins devant la fresque musicale, à mi-chemin entre la fanfare et la symphonie. Et c'est dans tout cet espace, cette zone obscure mais fissurée de jets, que la fougue et les délires de Klô Pelgag prennent tout leur sens.
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