Résumé :
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Avec à leur actif un nombre conséquent d'albums, de collaborations, et de sessions live dans le monde entier, on aurait pu penser que Brain Damage comme Vibronics se reposeraient un peu sur leurs acquis. C'était sans compter sur leurs insatiabilité et leur suractivité respective, et le sens du défi et de la conceptualisation de la musique qu'ils partagent. L'exercice dont il est ici question va au delà de la simple rencontre, les présentations entre les artistes ayant été faites il y a déjà bien longtemps entre remixes et sessions live. Il s'agit plutôt de la collision éphémère de deux univers, le temps d'une tournée et d'un album, aboutissant à la naissance d'une troisième entité non répertoriée. Vibronics et Brain Damage se sont en effet réuni autour d'un concept, d'une inspiration narrative qui surprendra sans doute : l'expérience des soldats anglo-carribéens et franco-africains lors de la première guerre mondiale. L'historien universitaire, poète et songwriter Madu Messenger, utilise ainsi le fruit d'années de recherche pour présenter une série de textes traitant de sujets clés liant déracinement, amitié, guerre, et mort. Pédagogue comme le sont souvent les albums de Brain Damage, 'Empire Soldiers' éclaire une période encore souvent méconnue de notre histoire, établissant des parallèles troublants avec l'observation contemporaine des chocs culturels, de l'immigration ou des pouvoirs impériaux. Forts d'une réflexion sur ce sujet sensible, les musiciens du projet - aux origines diverses, anglofrançaises, jamaïcaines ou asiatiques - se permettent ici d'opérer un rapprochement culturel opposé à certains modèles d'asservissements et de communautarismes. Le reggae/dub digital de Brain Damage et Vibronics se teinte donc d'influences variées, combinant le meilleur d'un savoir-faire à la spontanéité de la rencontre et de l'expérience humaine.
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