Résumé :
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Conteur exceptionnel pétri de la tradition orale de son enfance marocaine, Tahar Ben Jelloun joue de la fuite de la cruelle réalité vers les rêves qui la rendent supportable. Ainsi ses romans sont-ils tissés de nombreuses voix qui se répondent ou se heurtent en quête d'une identité multiple : le Maroc des origines, l'arabe langue maternelle, le français choisi pour l''uvre littéraire. Si ses personnages sont si vivants, si incarnés, c'est qu'il les a empruntés à son univers le plus proche - oncles et tantes, cousins et cousines. Au cours des onze romans réunis dans ce Quarto, ils dessinent le portrait d'un des acteurs principaux, le Maroc depuis les années soixante, le pays qu' il lui a fallu fuir pour ses crimes d'État, fuir une pauvreté telle que ses enfants désespérés sont prêts à tout pour immigrer. Dix-neuf mois de rééducation disciplinaire dans un camp militaire puis l'islamisation de la philosophie qu'il enseignait au lycée lui ont fait choisir la France où il a obtenu un doctorat de psychiatrie sociale. Il n'a cessé de militer pour l'alphabétisation des immigrés, contribuant à lever le silence qui pesait tant sur la fracture culturelle que sur leurs problèmes d'intégration. Son premier maître en écriture, son premier lecteur a été Jean Genet, un guide sévère auquel il reste fidèle : «Quand tu commences à écrire, me disait-il, sache qu'il y aura un lecteur qui te tiendra la main, si ce que tu écris ne l'intéresse pas, il retirera sa main et tu te retrouveras sans lecteur. Donc, il faut toujours penser à cet homme ou femme qui a pris la peine d'acheter ton livre pour le lire.»
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