Résumé :
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Après Champagne Holocaust, un premier album au titre provocateur, mais néanmoins largement plébiscité par le public, les Fat White Family reviennent le 22 janvier 2016 avec Songs For Our Mothers. Un album pourtant déconseillé aux mamans. Joyeusement impétueux et volontairement dissidents, les six anglais prennent un malin plaisir à repousser toujours un peu plus loin les limites de la bienséance. Si leur premier album se pensait comme un spasme agressif aux oreilles profanes de son public, Songs For Our Mother est à l'inverse une invitation au voyage. Mais pas n'importe lequel, un voyage initié "par la misère, pour danser au rythme de la haine humaine". La messe est dite. Désormais célèbres pour leurs concerts aussi survoltés que dénudés, les londoniens ne sont pourtant pas exempts de talent. Arborant plus fièrement leur punk psyché que leurs pantalons dans l'ambiance moite causée par chacune de leurs interventions scéniques, les Fat White Family font montre d'un génie indéniable et d'une virtuosité incongrue dont ils ont seuls le secret.
Notre avis : Tout droit sorti d'un squat crasseux du sud London, les Fat White Family prennent un malin plaisir à se foutre de la gueule du politiquement correct avec un sens aiguisé de l'humour noir. Pas étonnant venant d'un groupe qui décrit leur nouvel album comme une invitation de la souffrance à danser sur le rythme de la haine des humains. Et si on devait imaginer l'antithèse de ce qui cloche dan le rock anglais actuel, alors vous n'auriez pas à aller chercher plus loin que chez Fat White Family. Leur musique pioche dans le post-punk avec des rythmiques motorik récurrentes et un fuzz psychédélique qui provoque des vertiges et retourne l'estomac, comme pour faire sortir l'auditeur de sa zone de confort et attirer le jeune en mal de rébellion. Leur nouvel album Songs for our mothers les voit opérer de manière moins furieuse et au contraire plus léthargique, dans une ambiance où le malaise domine et où les expérimentations et incursions électroniques lo fi se font la par belle. La voix du chanteur Lias Saoudi hésite entre marmonner et crier à propos du tueur en série Harold Shipman, de la relation entre Ike et Tina Turner ou encore les derniers jours des nazis dans leur bunker de Berlin, quand les rats piégés, se retournaient les uns contre les autres. L'énergie de ce deuxième album est donc bien sombre et malade et donne l'impression que tout risque de s'écrouler d'un moment à l'autre. Une forme de fragilité, d'impression de précarité comme témoin de tensions artistiques au sein du groupe d'une démarche sans concession.
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