Résumé :
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En l'espace d'un siècle d'école républicaine, le rapport des familles à l'école s'est profondément transformé. Le compromis historique de la première moitié du XXe siècle, celui d'un ordre scolaire accordé à un ordre social inégalitaire, maintenait les familles éloignées de l'école. Le mode scolaire de socialisation et de reproduction qui s'est progressivement imposé avec la massification secondaire a infléchi le processus d'acculturation en accentuant le rapport de dépendance des familles populaires à l'école. Le partenariat représente le mode de coopération que l'institution scolaire a inventé pour tenter de réguler la division du travail éducatif et la répartition des rôles entre les différents acteurs mobilisés. S'appuyant sur une cinquantaine d'entretiens réalisés auprès de parents de milieux populaires et issus de l'immigration, ce livra s'attache à montrer que les relations avec l'école ne se déroule pas nécessairement selon des règles, modalités et intérêts partagés. Les attentes peuvent diverger fortement, conforter les préjugés réciproques et engendrer un différend. Celui-ci conduit, dans ses expressions radicales, au procès des familles jugées " démissionnaires " d'un côté, à celui d'une école perçue comme injuste voir discriminante de l'autre. Or, les familles populaires aspirent à des études longues pour leurs enfants et se mobilisent afin qu'ils accèdent à une vie " normale ". Leur détermination est à la mesure de la difficulté à maîtriser un processus de solarisation et d'orientation opaque et complexe. On comprend dès lors, l'enjeu de la relation avec les enseignants et les acteurs éducatifs en général, et d'une réflexion ouvrant des pistes pour un nouveau compromis plus proche des intérêts populaires. Ainsi le différend pourrait-il, à la faveur d'une nouvelle entente, être surmonté...
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