Résumé :
|
Le mythe de Médée fascine depuis l'Antiquité artistes, poètes et dramaturges. Michel Azama s'inscrit dans cette lignée et sa "Médée black" fait ressurgir avec force les ressorts oubliés de cette figure. Dans une Louisiane aussi jazzy que sensuelle et inquiétante, les politiques comme Créon frayent avec les dealers et autres petites frappes, dans une connivence coupable et interlope. Médée, avec sa peau noire, est l'archétype de l'étrangère à qui Jason demande de faire place nette pour ne pas freiner ses ambitions. Elle punira la lâcheté de ce dernier par le tabou ultime du meurtre de leurs enfants. Dans les deux autres textes du recueil, Azama évoque les nouveaux parias de nos sociétés que sont les migrants, arrachés à leurs terres d'origine, poussés sur les routes par la misère ou la guerre. Dans "Ailleurs, la vraie vie", des gens de télévision et une policière montrent, telles des lucarnes-miroirs, l'inanité de notre époque qui utilise ces miséreux parvenus sur nos rives comme les canaris dans les mines, annonçant par leur asphyxie le coup de grisou. Dans "Un ange à ma porte", un homme, ballotté et rudoyé à son arrivée après une traversée dangereuse, prend la parole, pointant la crise morale d'une Europe qui tourne le dos à ses traditions humanistes. La puissance théâtrale d'Azama et sa haute langue, mâtinée d'instants crus et âpres, apparaissent dans ces trois textes aux distributions modulables. Renouant avec le traitement poétique autant que politique qu'il avait déjà employé dans son célèbre "Croisades", il propose ici des œuvres fortes, urgentes et nécessaires.
|