Résumé :
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L'art dramatique a partie liée à l'idée européenne, non seulement parce qu'il a acquis son importance et son autonomie dans le même espace urbain où ses bâtisses prirent pied au coeur des cités et que ses compagnies parcoururent de carnavals en festivals, mais aussi parce qu'il investit les territoires de la pensée et les contrées de l'imaginaire dans lesquels cette construction politique a surgi. S'il n'a pas vocation à fournir les grands récits, les tentures de velours ou les symboles étoilés sur fond bleu qui rendront l'Union plus séduisante aux yeux des citoyens, le théâtre s'avère en revanche capable d'explorer les détours de leur conscience et d'accompagner leur quête de sens, dans la mesure où il met en jeu la spécificité des langues, la sensibilité des corps, la subjectivité des perceptions, la relativité des identités, la complexité des conflits. Ne prétendant à aucun monopole de représentation, n'ignorant pas que de nouveaux genres de spectacle l'ont supplanté en audience comme en puissance, il n'a pas son pareil pour croiser des vues originales et des perceptions particulières. Il sait mieux que tout autre exposer un état du monde dont la confusion appelle, sinon la pensée commune, du moins un certain degré de lucidité partagée. Son usage à vif du doute, qui n'interdit ni l'humour ni l'audace, stimule l'imagination de ceux qui se refusent à considérer l'Europe comme un héritage sacré ou comme un temple
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